A l’heure où les Eléphants s’apprêtent à affronter le Liberia au second tour éliminatoire de la Coupe du monde, sans lui, Yaya Touré annonce son retour en force dans les compétitions internationales avec la Côte d’Ivoire. Pour cafonline.com, il évoque ses espoirs pour l’avenir et sa grande confiance dans les joueurs africains pour porter très haut la flamme du continent
Vous ne cessez d’exhorter les jeunes footballeurs africains à plus de responsabilités ces derniers temps. Que cache cet appel ?
Depuis quelques années, il y a un boom de footballeurs africains à travers tous les meilleurs championnats du monde. Je pense que le progrès actuel du football mondial est surtout le fait qu’il est rythmé par des footballeurs talentueux venus d’Afrique. J’ai donc appelé tous les footballeurs du continent à une plus grande responsabilité et de s’imposer comme tel dans leurs clubs respectifs. C’est ce que Samuel Eto’o, Didier Drogba ont réussi. Avant eux, il y a eu Georges Weah, Abedi Pélé, Jay-Jay Okocha, Rabah Majer et autres Laurent Pokou, Salif Kéita, pour ne citer que ceux-là. L’Afrique reste une des plus belles vitrines du football mondial. Voilà la raison pour laquelle, je peux me réjouir de la présence du président Issa Hayatou au siège de la Fifa, à Zurich. L’Afrique ne doit plus être là pour accompagner les autres.
Seul Africain aux côtés des joueurs tels que Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Neymar, Luiz Suarez… en lice pour le Fifa Ballon d’Or 2015. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Il n’est pas toujours aisé de parler de soi. Dans ce cas de figure, il s’agit d’un vote et il s’agit de confronter 23 joueurs de l’élite mondiale. C’est toujours une fierté d’être cité parmi les meilleurs. Il est vrai que sur cette liste, je suis le seul Africain. Mais, cela signifie également que tous les autres joueurs africains dans les différents grands championnats peuvent valablement y figurer. L’honneur revient à la Fifa et son partenaire ‘’France Football’’ qui célèbrent chaque année les footballeurs. Pour moi, c’est un honneur pour l’Afrique.
Pendant ce temps, vous brillez par votre absence en sélection nationale de Côte d’Ivoire dont vous êtes le capitaine…
En effet, après les deux matchs amicaux contre l’Angola et la Guinée Équatoriale qui ont suivi notre victoire à la Can 2015, je n’ai plus fait d’apparition avec les Éléphants. Je sais que beaucoup de nos supporteurs se posent des questions. En même temps, il y a eu plusieurs interprétations. Ce qui n’avait rien à voir avec la réalité…
Qu’y-a-t-il donc ?
Avec tout le respect que je dois à notre nouveau coach, Michel Dussuyer, j’ai souhaité avoir un moment de répit. Ce qui n’était pas évident pour lui. Dans la mesure où il venait de prendre fraîchement l’équipe. Il avait besoin de ce fait de tout son monde. J’avoue que je revenais d’une longue période d’intenses activités avec les Éléphants et une fin de saison harassante avec mon club, Manchester City. J’ai même eu des blessures. Pendant l’intersaison, j’avais même écourté mes vacances à Abidjan pour revenir en club pour être soumis à un programme rigoureux de remise en forme. J’ai dû suivre à la lettre et strictement mon programme de préparation physique pendant cette période sous la supervision de coaches privés. Ensuite, je suis entré de plain-pied dans le championnat anglais. Pour une fois, ç’en était trop pour moi. Il fallait souffler!
Il y a aussi le fait que vous étiez contre l’organisation du match aller des éliminatoires de la CAN contre le Gabon à Libreville au lieu d’Abidjan comme prévu par le calendrier de la Caf….
Vous-même comprenez que c’est un gros paradoxe de dire que notre pays n’a pas de pelouse praticable. C’est frustrant de faire un tel constat. Comment comprendre que notre grande Côte d’Ivoire ne puisse pas avoir de très bonnes pelouses. Ce qui nous a poussé à inverser le programme initial de la Caf pour faire jouer l’aller de ce match à Libreville. Ceux qui ont voulu me comprendre, ont compris mon message. Ceux qui n’ont pas prêté l’oreille, se sont malheureusement livrés à d’autres interprétations. Et j’ai simplement eu un coup de gueule afin que les autorités regardent de près cette situation. De sorte à vite rectifier le tir et avoir une très bonne pelouse. Il est aussi de mon devoir d’attirer l’attention. Nous sommes des footballeurs, c’est notre profession. Et si le travail n’est pas fait pour la mise en place d’un cadre professionnel adéquat, il faut le dire tout haut. C’était aussi simple que cela.
Concrètement, entre vous et les Éléphants c’est fini ou allez-vous revenir ?
Ma présence au sein de l’équipe nationale ne date pas d’aujourd’hui. C’est une fierté pour moi d’appartenir à une génération qui a remporté une deuxième CAN pour la Côte d’Ivoire. Je regarde dans le rétroviseur et je me rends compte que le chemin a été long. Au bout de l’effort, nous avons pu remporter le trophée 2015 après les échecs de 2006 et 2012. C’est une volonté divine que d’être passé par toutes ces épreuves. Je ne suis donc pas prêt à abandonner en si bon chemin. Je dois continuer l’aventure avec tous mes coéquipiers et montrer aux jeunes Ivoiriens que la victoire de 2015 ne doit pas nous faire baisser les bras. Notre trophée doit nous permettre d’être plus aguerris et plus forts. J’ai même reçu des conseils avisés de certaines personnalités. C’est pourquoi, je mettrai toujours mon expérience au service de notre sélection nationale. J’ai connu ma première finale avec la sélection nationale en catégorie junior à la CAN 2003 au Burkina Faso. Nous avions perdu en finale face à l’Égypte. Trois ans après, c’est-à-dire en 2006, je suis passé chez les séniors. Nous avons traversé des difficultés puis, il y a eu ce 8 février 2015 où toute l’équipe autour de Copa Barry, a pu décrocher le titre. Je souhaite donc ne pas avoir connu ce jour-là ma dernière victoire avec les Éléphants. Je crois que c’est clair.
La Côte d’Ivoire aborde un virage important cette semaine contre le Liberia dans le cadre du 2e tour des éliminatoires du Mondial 2018, peut-on compter sur la présence de Yaya Touré ?
C’est déjà les 13 et 17 novembre contre le Liberia. C’est vrai que c’est un passage obligé. Il faut impérativement gagner. C’est l’étape du deuxième tour des éliminatoires avant la phase de poule qui se déroulera à partir de 2016. Après trois participations consécutives à la phase finale de Coupe du monde, il nous faut continuer sur notre lancée. Je ne fais pas partie de la présente liste pour le match contre le Liberia. Mais je suis de cœur avec eux.
A quand le retour de Yaya Touré ?
Je pense que le prochain rendez-vous après cette échéance sera en 2016 avec la suite des éliminatoires de la CAN 2017. Dans tous les cas, je serai prêt.
Vous êtes aligné sur tous les fronts. Également pour le titre du Ballon d’Or africain 2015. C’est un autre gros pari…
C’est vrai que le titre de meilleur joueur africain est aussi une très grande et prestigieuse récompense pour tous les footballeurs du continent. J’ai pu le remporter à quatre reprises. Cette année encore je suis en lice en compagnie d’autres valeureux footballeurs de notre continent. C’est toujours un plaisir pour moi d’être à ce niveau afin de montrer à tous les enfants du continent qu’il faut travailler très dur pour espérer être célébré un jour. Pour moi, c’est une des importantes moralités du Ballon d’Or africain. C’est un trophée qui offre joie et bonheur à tous les footballeurs du continent.
Après un titre de champion d’Afrique avec la Côte d’Ivoire, plusieurs Ballons d’Or africains, un titre de Ligue des champions en Europe… Quel est votre rêve ?
Mon parcours dans le football m’impose toujours plus d’efforts et de performances. C’est pourquoi, je me suis inculqué l’esprit de la gagne depuis le début de ma formation à Abidjan. J’exhorte donc tous les footballeurs africains à viser l’excellence. Je veux gagner une Coupe du monde. Après trois participations au Mondial, la Côte d’Ivoire doit arriver à ce niveau. L’Afrique doit pouvoir gagner une Coupe du monde. C’est possible. Il est important d’y arriver dès maintenant…
N’est-ce pas trop énorme, Comment y arriver ?
Regardez le nombre important de footballeurs africains à travers tous les championnats du monde. Cela crève les yeux. Ils font partie des meilleurs footballeurs. Ce ne sont pas les talents qui manquent ou les occasions qui ont manqué. Si le Cameroun, l’Algérie, le Sénégal, le Ghana … sont passés de peu à côté de certains exploits pour plusieurs raisons, la finale 100% africaine du Mondial des cadets 2015 entre le Mali et le Nigeria, est très significatif pour le futur. Je me réjouis justement du fait que le président de la CAF, Issa Hayatou ait adressé une note d’encouragement à ces jeunes footballeurs. Il y a des indices importants qui sont aujourd’hui au grand jour. C’est l’occasion de faire une mention spéciale au président Issa Hayatou qui assure aujourd’hui, la présidence de la Fifa. Il faut l’aider à réussir cette mission. Il faut aider toute l’Afrique. Plus qu’un symbole, c’est une vraie prise de conscience pour tout le continent. Cela voudrait dire qu’avec un peu plus d’efforts et d’organisation, nous y arriverons. C’est pourquoi, il faut insister sur cet aspect et aussi engager tous les pays africains à organiser plusieurs grandes compétitions mondiales. L’Afrique du Sud l’a fait en 2010 avec un somptueux Mondial de football. Des pays comme l’Égypte, le Maroc… et bien d’autres en ont la capacité. Les infrastructures déployées au Congo lors des derniers Jeux africains donnent aussi des idées. Tous les autres pays doivent travailler à cela. Il faut continuer dans ce sens pour faire gagner l’Afrique.
source : autre presse